mercredi 24 décembre 2025

Huile

 Un huilage est un graissage avec de l'huile, une imprégnation d'huile ; un trempage dans un bain d'huile.

Une huile est une substance grasse ; un mélange d'huile et de produits colorants, un tableau ainsi peint ; un liquide, odorant et volatil, extrait par distillation de certaines plantes aromatiques ou d'agrumes ; un personnage important, haut placé, influent. Ce nom vient du latin oleum « huile d'olive, huile (en général) », de olea « olivier ; olive » (en grec ε ̓ λ α ι ́ α « olive », ε ́ λ α ι ο ν « olivier »).

Une huile à broche est une huile de base fluide, utilisée pour lubrifier certains mécanismes de précision. En anglais : spindle oil. JORF du 12/01/1999.

Le Dictionnaire des régionalismes de France indique qu'une huile d’enfer, une huile de l’enfer, une huile des enfers sont une huile d’olive de la plus basse qualité.

 Pour dire que l’on regrette la peine que l’on s’est donnée, le français dispose de diverses expressions comme regretter ses pas ou plaindre ses pas. L’Antiquité ne manquait pas non plus d’expressions similaires. La plus en usage était sans doute oleum et operam perdere, « perdre son huile et sa peine ». Si cette expression se rencontrait si souvent, c’est parce que l’huile était un produit de grande valeur dans l’Antiquité et qu’on en faisait de nombreux usages.

 Elle servait tout d’abord à oindre lutteurs et gladiateurs. Dans une de ses lettres, Cicéron écrit que Pompée avait perdu oleum et operam à organiser des combats de gladiateurs. Cette expression entre dans un proverbe cité par saint Jérôme : oleum perdit et impensas qui bovem mittit ad ceroma, « il perd son huile et son argent celui qui envoie un bœuf au gymnase où s’oignent les lutteurs », car bien évidemment les bœufs ne combattaient pas dans l’arène. On userait peut-être aujourd’hui de l’expression familière peigner la girafe…

 Mais l’huile permettait également aux intellectuels de s’éclairer pour lire et écrire la nuit. Pour eux, perdre son huile c’était produire un ouvrage de peu d’intérêt. On disait aussi qu’un écrit sentait l’huile de lampe si on y percevait trop les efforts laborieux de l’auteur.

 L’huile était enfin utilisée comme produit de beauté ; si, après s’être enduites d’huile parfumée, les prostituées ne parvenaient pas à séduire, elles aussi se lamentaient en disant qu’elles avaient perdu leur huile ; elles devaient aussi regretter leurs pas, même si dans l’Antiquité, le nom péripatéticien désignait essentiellement Aristote et ses disciples qui avaient l’habitude de philosopher en marchant.

 Académie française.


Le verbe huiler signifie enduire, frotter, imprégner d'huile ; assaisonner avec de l'huile ; pour une plante, suinter en laissant s'écouler un liquide gras sous l'effet d'une maladie.

je huile, tu huiles, il huile, nous huilons, vous huilez, ils huilent ;
je huilais, vous huiliez ; je huilai ; je huilerai ; je huilerais ;
j'ai huilé ; j'avais huilé ; j'eus huilé ; j'aurai huilé ; j'aurais huilé ;
que je huile, que tu huiles, qu'il huile, que nous huilions, que vous huiliez, qu'ils huilent ;
que je huilasse, qu'il huilât ; que j'aie huilé ; que j'eusse huilé ;
huile, huilons, huilez ; aie huilé, ayons huilé, ayez huilé ;
(en) huilant.

Une huilerie est une usine où l'on fabrique des huiles végétales. L'huilerie est cette industrie.

Une huilière, un huilier sont des fabricants, des marchands d'huile. Un huilier est un accessoire de table. L'adjectif huilier, huilière, est relatif à la fabrication des huiles.

L'adjectif huileux, huileuse, qualifie ce qui est de la nature de l'huile ; ce qui en contient ; ce qui a cet aspect ou cette consistance.

L'adverbe huileusement signifie d'une manière huileuse.

Un déshuilage est l'opération qui a pour but de séparer les huiles et les graisses des eaux de surface et des eaux résiduaires avant leur traitement ou le rejet à l'égout ; l'élimination des hydrocarbures ou des huiles d'un milieu donné ; l'opération qui consiste à éliminer par foulage l'huile qui imprègne une peau ; l'action de retirer des pâtes à peindre, généralement à la sortie du tube, l'huile en excès. Le verbe déshuiler signifie débarrasser une matière de l'huile qui l'imprègne ; éliminer les huiles ou les hydrocarbures d'un milieu donné, notamment des eaux, par des procédés physiques ou physicochimiques. Ce verbe est dérivé de huiler, avec le préfixe dés- (dé-). Un déshuileur est un appareil servant, dans une machine à vapeur, à séparer les particules d'huile d'avec la vapeur entraînée par l'air, et qui est indispensable notamment sur les compresseurs utilisés pour la réalimentation en air des réservoirs à pression.

Huile est écrit en 1250 uile, en 1120 oile, on trouve aussi la variante olie. Le mot donne l'anglais oil qui revient dans gazoil ou gazole. Il vient du latin oleum (oléagineux, pétrole, oléoduc). Le h évite la lecture vil, vile, ville (écrit vile en ancien français). Le terme est féminin par suite d'une modification de oleum en olea. En savoir plus : site de Dominique Didier.

olé(o)- et oléi- tirés du latin olea « olivier, olive », introduisent une relation avec l'huile ou, plus généralement, avec un corps gras quelconque.

  • Une oléacée est un arbre ou arbuste tel que l'olivier. Les oléacées sont une famille de plantes. Ce nom est formé de ole(i)-, du latin olea « olivier, olive », avec le suffixe -acé.

  • L'adjectif oléagineux qualifie ce qui contient de l'huile ; ce dont on peut tirer de l'huile ; ce qui est de la nature de l'huile ; ce qui en a la consistance ou y ressemble. Un oléagineux est une substance qui contient de l'huile ; une substance dont on tire des matières grasses alimentaires ou industrielles. Ce mot est un dérivé savant de l'adjectif oleagineus, oleaginus « d'olivier », avec le suffixe -eux, pour servir d'adjectif à huile.

  • un oléate : un sel ou un ester de l'acide oléique. Ce nom est formé de olé- (qui représente acide oléique), avec le suffixe -ate.

  • oléfiant : qui produit de l'huile. Ce mot est formé de ole(i)- du latin oleum « huile », et de -fiant, (-ifier).

  • une oléfine : chacun des hydrocarbures non saturés de la série éthylénique. Ce nom est emprunté à l'anglais olefine, attesté depuis 1860 et formé sur olefiant (lui-même emprunté au français oléfiant) par substitution de -ine à -iant.

  • L'adjectif oléicole est relatif à l'oléiculture. Une oléicultrice, un oléiculteur s'occupent d'oléiculture qui est la culture de l'olivier et l'industrie de l'extraction de l'huile d'olive.

  • oléifère : dont on extrait de l'huile.

  • oléiforme : qui a la consistance de l'huile.

  • une oléine : un ester de l'acide oléique.

  • une céroléine : un des esters constituant la cire d'abeille.

  • Le mot (un acide) oléique est formé de olé(i)-, du latin oleum « huile », et du suffixe -ique.

  • un oléate : un sel ou un ester de l'acide oléique.

  • un liniment oléocalcaire : un mélange à parties égales, d'huile d'olive et d'eau de chaux.

  • un oléoduc : un pipeline servant au transport du pétrole brut. Ce nom est formé de oléo-, d'après le formant -ole de pétrole (sous l'influence de l'anglais oil « pétrole ») et de la finale -duc sur le modèle d'aqueduc. L'emploi de ce mot a été recommandé pour remplacer l'anglicisme pipe-line.

  • Une, un oléographe s'occupent d'oléographie, un procédé d'impression sur papier de toile, imitant la peinture à l'huile. L'adjectif oléographique est relatif à l'oléographie.

  • un oléomètre ou éléomètre, élaimètre : un aréomètre servant à mesurer la densité des huiles ; un compteur indiquant la pression de l'huile dans un moteur.

  • un oléoplaste : un plaste élaborateur de gouttelettes de lipides.

  • une suspension oléopneumatique (pour certains véhicules automobiles).

  • un oléoprotéagineux : une plante cultivée pour ses graines riches en protides et en lipides, une plante oléoprotéagineuse.

  • une oléorésine : un produit naturel constitué par une résine dissoute dans une huile volatile.

  • oléorésineux : qui contient de l'huile et de la résine.

  • un oléoserveur : un avitailleur reliant l'oléoprise à l'avion.

  • un oléostéarate : un composé résultant d'un mélange d'acide oléique et d'acide stéarique.

  • un oléothorax : une injection d'huile goménolée ou de paraffine liquide effectuée progressivement lors du pneumothorax thérapeutique.

  • une oléotypie : un procédé d'impression.

  • un oléum : un liquide huileux, un acide sulfurique contenant un taux élevé d'anhydride. Ce nom vient du mot latin oleum « huile d'olive, huile en général ».

Un céréléon est un mélange de cire et d'huile qui diffère peu du cérat. Un oxéléon est un médicament fait d'huile et de vinaigre.

Du grec ε λ α ι η ε ι ς « huileux, plein d'huile » :

  • Une éléidine est une substance protéique, présente dans l'épiderme sous forme de plaques irrégulières et réfringentes, qui serait le précurseur de la kératine. Ce nom est formé sur le grec « huileux », dérivé de « olivier », avec le suffixe -ine (-in).

  • Un élæis ou éleis est un palmier. Le latin scientifique elaies, elœis, nom de cet arbre, a été tiré du grec ε λ α ι η ε ι ς « huileux, plein d'huile »

  • Un élaiosome ou éléosome est une excroissance de certaines graines, riche en lipide et en protéine qui attire les fourmis. Une fois l'élaiosome consommé par les larves, les fourmis se débarrassent de la graine permettant sa germination et assurant ainsi sa dispersion dans la nature (myrmécochorie)

Le nom (un) pétrole est emprunté au latin médiéval petroleum (aussi petroleum oleum) « huile minérale », proprement « huile de pierre » (du latin classique petra, voir : pierre, et oleum, voir : huile). Voir l'anglais oil.

Le suffixe -ol a été tiré de la finale de alcool et de celle de pétrole (oleum), pour former des mots désignant des alcools proprement dits ou des mots désignant des corps semblables aux alcools, des produits de distillation, la différence entre les deux n'ayant pas toujours été nette. En 1853 et 1854, dans une série de Mémoires sur la glycérine, sur les éthers, etc., Berthelot établit la théorie générale, en distinguant les alcools monoatomiques (alcools proprement dits) et les alcools polyatomiques (comme la glycérine). Ainsi, ce qui était «huile» entrant désormais dans la série «alcool», le suffixe -ol va se référer expressément à la terminaison et au signifié de alcool, comme l'atteste la création de glycol. CNRTL.

  • Un ichtyol est une huile obtenue par distillation de schistes bitumeux.

  • Un indole ou indol est un corps composé, obtenu par distillation d'indigo blanc sur de la poudre de zinc, que l'on rencontre aussi à l'état naturel. On lit un acide indole-acétique.

  • Une lanoline ou lanoléine sont une matière grasse composée d'un mélange d'acides gras estérifiés et d'alcools libres, obtenue à partir du suint de mouton et utilisée en pharmacie, en cosmétologie et dans l'industrie des cuirs. Le nom (une) lanoline est composé du latin lana (laine) et des suffixes -ol et -ine.

  • Un lino ou linoléum sont un revêtement de sol, une toile de jute enduite d'huile de lin et de poudre de liège, imperméable ; cette toile utilisée comme support de gravure. Ce nom est emprunté à l'anglais linoleum de même sens, mot forgé à partir du latin linum « lin » et oleum « huile », ce tissu inventé par l'Anglais Walton et breveté le 25 avril 1863, étant composé d'un mélange d'huile et de lin. La forme abrégée lino est déjà attestée en 1907 en anglais. Voir aussi : linographie, linogravé, linograveur, linogravure.

  • Une linoléine est un glycéride de l'acide linoléique. Ce nom est emprunté à l'anglais linolein de même sens, composé de lin- (du latin linum « lin ») et de olein (du latin oleum « huile » + -in, suffixe indiquant la nature d'un produit). Le mot (un acide) linoléique est emprunté à l'anglais [acid] linoleic, lui-même composé de lin-, de ole- et de -ic (en français -ique). Un linoléate est un sel ou ester de l'acide linoléique.

  • Un acide linolénique est un acide éthylénique possédant trois doubles liaisons, présent sous forme de glycéride dans les huiles siccatives. Ce terme a été formé d'après l'allemand Linolensäure créé par K. Hazura en 1887 (d'après Linolsäure « acide linoléique », avec l'insertion de l'élément de chimie -en- correspondant à -ène) et composé de lin(um) « lin », de ol(eum) « huile » et des éléments suffixaux -ène et -ique.

  • Un lysol est un mélange employé comme désinfectant. Ce nom est composé de lys(o)- tiré du grec λ υ σ ι ς « action de délier, dissolution, fin », et de -ol, du latin oleum « huile ».

Un fioul est un distillat lourd, résidu ou mélange utilisé comme combustible pour la production de chaleur. On trouve aussi, dans certains cas, la forme « fuel ». En anglais : fuel oil. JORF du 22/09/2000. Un mazout [en anglais : fuel oil] est un combustible liquide et visqueux provenant de la distillation du pétrole brut, utilisé pour la production de chaleur ou d'énergie. On lit un mazout domestique (heating oil), un mazout léger (light fuel oil), un mazout lourd (heavy fuel oil). Le terme anglais fuel-oil est composé de fuel « combustible » et de oil « huile ».

Un gazole [en anglais : gas oil] est un carburant pour moteur diesel. C'est le distillat du pétrole obtenu après le kérosène, utilisé pour la carburation du gaz à l'eau et pour l'alimentation des moteurs Diesel. Le mot angloaméricain gas-oil est composé de gas « gaz » et oil « huile » (désignant notamment le pétrole), cet hydrocarbure étant connu comme matière première dans la fabrication du gaz avant d'être plus généralement utilisé comme carburant de certains types de moteurs.

Une millerole ou millerolle était une unité de capacité utilisée pour le commerce de l'huile et du vin. Ce terme est emprunté au provençal ; l'ancien provençal milherola, attesté depuis 1325, est d'origine obscure.

Une œillette est une variété de pavot. Ce nom est dérivé de l'ancien français olie, voir : huile, avec le suffixe -ette, devenu œillette sous l'influence d'œil et d'œillet.




lundi 22 décembre 2025

Ces mots français venus du Moyen-Orient et de Méditerranée

Des milliers de mots de la langue française proviennent de contrées lointaines de l’Hexagone. Parmi eux, des centaines ayant des liens directs ou indirects avec l’arabe mais également, à une moindre échelle, le persan. 

 https://www.rfi.fr/fr/

vendredi 19 décembre 2025

Nouveau vocabulaire du droit

 

Une accapareuse, un accapareur de brevets sont des personnes physiques ou morales sans activité productive qui acquièrent des brevets à seule fin d'obtenir des indemnités de la part d'exploitants intéressés par ces brevets en les menaçant d'une action en contrefaçon. En anglais : patent troll. Voir aussi : accapareur de marques. JORF du 19/12/2025.

Une accapareuse, un accapareur de marques sont des personnes physiques ou morales sans activité productive qui acquièrent des marques à seule fin d'obtenir des indemnités de la part d'exploitants intéressés par ces marques en les menaçant d'une action en contrefaçon. En anglais : trademark troll. Voir aussi : accapareur de brevets. JORF du 19/12/2025.

Un acharnement meurtrier est un déchainement de violence dont fait preuve un meurtrier à l'égard de sa victime. En anglais : overkill. JORF du 15/05/2024.

Un chantage sexuel est l'action consistant à menacer une personne de divulguer des documents à caractère intime afin de lui extorquer un bien, des faveurs sexuelles ou d'autres avantages. Le chantage sexuel est généralement réalisé en ligne. Les documents utilisés dans le chantage sexuel peuvent être, par exemple, textuels, audio ou vidéo. En anglais : sextortion, sexual extortion. Voir aussi : cybercriminalité, hameçonnage, pornodivulgation. JORF du 24/02/2023.

Une clinique juridique ou un centre d'assistance juridique universitaire (CAJU) sont une structure abritée par un établissement d'enseignement supérieur, où des étudiants juristes perfectionnent leurs connaissances et acquièrent une expérience professionnelle en offrant des consultations juridiques gratuites sous la supervision d'enseignants ou de praticiens. On trouve aussi, dans le langage professionnel, le terme « clinique du droit ». En anglais : law clinic, legal clinic. JORF du 24/02/2023.

Un contrôle coercitif est le comportement d'une personne qui exerce sur une autre une surveillance et une contrainte permanentes par la menace ou la violence, physiques ou verbales, afin de développer une emprise sur elle et de la forcer à la soumission. Le contrôle coercitif peut prendre différentes formes comme l'isolement, la privation de la liberté d'expression, d'action ou de pensée, l'humiliation ou toute autre atteinte aux libertés et aux droits fondamentaux. L'emprise peut être de différente nature, par exemple physique, psychologique, sexuelle, économique, administrative ou numérique. En anglais : coercive control. Voir aussi : déboussolage. JORF du 19/12/2025.

Une cyberattaque par cassage de mot de passe ou un cassage de mot de passe sont une cyberattaque qui consiste à tester systématiquement toutes les combinaisons de caractères possibles afin de trouver un mot de passe ou une clé de chiffrement. Le nombre de combinaisons croît exponentiellement avec la longueur du mot de passe, ce qui augmente considérablement le temps de calcul nécessaire. On trouve aussi, dans le langage professionnel, le terme « attaque par force brute », qui est déconseillé. En anglais : brute force attack, bruteforce attack. Voir aussi : cyberattaque, cyberattaque par envoi massif d'identifiants. JORF du 24/02/2023.

Une cyberattaque par envoi massif d'identifiants ou un envoi massif d'identifiants sont une cyberattaque qui consiste à tester, à l'aide de robots, un très grand nombre de combinaisons associant un nom d'utilisateur et un mot de passe obtenus le plus souvent dans l'internet clandestin, afin d'accéder à des comptes en ligne. Un envoi massif d'identifiants peut aussi avoir pour fin de saturer un serveur et de le rendre inaccessible. On trouve aussi, dans le langage professionnel, le terme « bourrage d'identifiants ». En anglais : credential stuffing attack. Voir aussi : attaque par interruption de service, cyberattaque, cyberattaque par cassage de mot de passe, internet clandestin. JORF du 24/02/2023.

Un cyberexhibitionnisme est un envoi, par voie électronique, d'images de soi à caractère sexuel à une personne qui ne les a pas sollicitées. En anglais : cyberflashing. Voir aussi : cyberharcèlement. JORF du 19/12/2025.

Une divulgation malveillante (d'informations personnelles) est une diffusion d'informations personnelles concernant un tiers, qui est opérée sans son consentement et l'expose à un risque. En anglais : doxing, doxxing. JORF du 24/02/2023.

Un droit de sortie conjointe ou une clause de droit de sortie conjointe sont une clause qui, dans le cas où un associé ou un actionnaire majoritaire cède ses titres à un tiers, protège les autres associés ou les actionnaires minoritaires en leur offrant la faculté de céder leurs propres titres aux mêmes conditions. En anglais : tag along clause. Voir aussi : obligation de sortie conjointe. JORF du 15/05/2024.

Une escroquerie au commerce en ligne ou une arnaque au commerce en ligne sont la pratique frauduleuse par laquelle une personne ou une entreprise propose un bien ou un service en ligne et disparaît avec les fonds collectés, sans délivrer le bien ou le service promis au client. En anglais : exit scam. Voir aussi : escroquerie aux cyberjetons. JORF du 15/05/2024.

Une escroquerie aux cyberjetons ou une arnaque aux cyberjetons sont la pratique frauduleuse par laquelle une personne ou un groupe de personnes propose à d'autres d'investir des cyberjetons dans un projet et disparait avec les fonds collectés sans mettre en œuvre ce projet. En anglais : rug pull. Voir aussi : cyberjeton, escroquerie au commerce en ligne. JORF du 15/05/2024.

Une escroquerie par séduction (en ligne) est la pratique frauduleuse qui consiste à contacter en ligne un grand nombre de victimes potentielles, à les séduire et à gagner leur confiance en vue de leur soutirer de fortes sommes d'argent, notamment en recourant à des fausses plateformes de cybermonnaie. En anglais : pig butchering, pig butchering scam, pig butchering scheme. Voir aussi : cybermonnaie, escroquerie aux cyberjetons.J ORF du 19/12/2025.

Une gouvernance dualiste est le modèle de gouvernance qui répartit les pouvoirs d'une entreprise entre un directoire et un conseil de surveillance. En anglais : two-tier board. Voir aussi : gouvernance, gouvernance moniste, gouvernance multipartite. JORF du 15/05/2024.

Une gouvernance moniste ou gouvernance unique sont le modèle de gouvernance qui attribue les pouvoirs d'une entreprise à son seul conseil d'administration. En anglais : one-tier board. Voir aussi : gouvernance, gouvernance dualiste, gouvernance multipartite. JORF du 15/05/2024.

Une guerre juridique est une instrumentalisation du droit ou de la justice mise en œuvre par une entreprise ou une institution en vue de nuire à une personne physique ou morale pour des motifs stratégiques ou économiques. On trouve aussi, dans le langage professionnel, le terme « guerre du droit ». En anglais : lawfare. Voir aussi : procédure-bâillon. JORF du 24/02/2023.

Un hameçonnage (par code) 2D est un hameçonnage réalisé au moyen d'un code 2D renvoyant vers un site frauduleux. Le code 2D peut être envoyé par courriel ou diffusé dans l'espace public. En anglais : QR phishing, quishing. Voir aussi : code 2D, hameçonnage. JORF du 19/12/2025.

Une infographie juridique est une démarche inspirée du design qui permet, notamment grâce à des infographies, de présenter au grand public une information juridique de façon claire et accessible. En anglais : legal design. Voir aussi : démarche inspirée du design. JORF du 19/12/2025.

Une interface trompeuse est une interface conçue de façon à inciter l'utilisateur à prendre des décisions qui peuvent lui être préjudiciables, sans y consentir de façon libre et éclairée. L'interface trompeuse peut, par exemple, amener l'utilisateur à acheter tel ou tel produit ou service, ou encore à accepter que ses données personnelles soient utilisées. En anglais : dark pattern. Voir aussi : interface. JORF du 19/12/2025.

La légistique est l'art de concevoir et de rédiger les lois, règlements et autres textes normatifs en assurant leur clarté et leur cohérence. JORF du 24/02/2023.

Un logiciel traqueur est un logiciel espion utilisé pour recueillir des données relatives à la vie privée d'une personne, notamment à des fins de harcèlement. En anglais : spouseware, stalkerware, trackware. Voir aussi : logiciel espion. JORF du 24/02/2023.

Une (clause d') obligation de sortie conjointe est une clause qui, dans le cas où un associé ou un actionnaire majoritaire cède ses titres à un tiers, impose aux autres associés ou aux actionnaires minoritaires de céder leurs propres titres aux mêmes conditions. L'obligation de sortie conjointe prévient les situations de blocage par les associés ou actionnaires minoritaires dans les opérations d'offre de rachat de 100 % du capital de la société. En anglais : drag along clause. Voir aussi : droit de sortie conjointe. JORF du 15/05/2024.

Un photovoyeurisme est la pratique qui consiste à photographier ou à filmer sous les vêtements d'une personne à son insu, afin d'apercevoir ses parties intimes. En anglais : upskirting. Les images dérobées sont parfois diffusées en ligne. JORF du 24/02/2023.

Une soumission chimique est un procédé consistant à administrer à une personne sans son consentement, et le plus souvent à son insu, une substance psychoactive de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre un délit ou un crime dont elle sera la victime ; par extension, état qui résulte de ce procédé. La substance psychoactive peut être administrée notamment par ingestion, injection ou inhalation. En anglais : needle spiking [soumission chimique par injection], spiking. JORF du 19/12/2025.

Un suicide par police interposée est le comportement d'une ou de plusieurs personnes qui provoquent les forces de l'ordre afin d'entrainer une riposte mortelle. En anglais : suicide by cops. JORF du 15/05/2024.

La traçologie ou la science de la trace sont une étude scientifique des traces laissées par un évènement, une action ou un phénomène. La traçologie fait appel aux méthodes scientifiques de détection, de collecte, d'analyse et d'interprétation afin de reconstruire la chronologie des faits et de comprendre leur déroulement. La traçologie est utilisée principalement dans les enquêtes judiciaires mais aussi dans les domaines de l'archéologie, de l'informatique ou encore de la santé. En anglais : forensic science. Voir aussi : archéologie médicolégale, chimie médicolégale, criminalistique numérique, médecine légale. JORF du 15/05/2024.

La victimologie est la discipline des sciences criminelles et des sciences sociales qui a pour champ d'étude les victimes d'infractions, d'accidents ou de catastrophes. On trouve aussi, dans le langage professionnel, le terme « victimation », qui est déconseillé. En anglais : victimology. JORF du 15/05/2024.

Une vidéo pédocriminelle en direct est une diffusion en flux et en direct, pouvant être commanditée, d'images de violences sexuelles perpétrées sur des enfants. L'emploi du terme « livestreaming pédopornographique », emprunté de l'anglais, est à proscrire. Voir aussi : en flux, pédopiégeage, pédopornographie. JORF du 19/12/2025.

jeudi 18 décembre 2025

Heur et heure

 

heur

Un heur était un destin favorable, une bonne chance, ce qui arrive d'heureux. Avoir l'heur de ... signifie avoir la chance, le plaisir de ... Ce nom vient du latin augurium « augure, interprétation des présages, présage (dans la religion romaine) » par l'intermédiaire de la forme agurium du bas latin et glissement au sens de « sort, condition, destinée » ; la collision homonymique avec heure, notamment dans des expressions avec bon eur ou mal eur, est à l'origine de l'ajout de l'initiale h au Moyen Âge.

Les noms bonheur et malheur sont composés à l’aide d’heur, lui-même issu du latin augurium, « présage favorable ». À l’origine, et conformément à l’étymologie, heur s’écrivait sans h et se rencontrait sous les formes öur, eür ou eur. Ce nom signifiait « sort, fatalité, destin ». À partir du 14ème siècle, la graphie heur est apparue, sans doute par analogie avec le mot heure. Cette dernière forme est le fruit d’une réfection savante : le latin hora a en effet évolué en or(e), forme que l’on retrouve dans les adverbes encore et lors et la conjonction de coordination or. Cette modification graphique était liée à l’homonymie des deux termes, mais aussi au fait que l’on voyait de l’un à l’autre un rapport de cause à effet, l’heure de naissance étant censée influer sur la destinée et donc sur le bonheur ou le malheur des individus. Cette croyance, ajoutée au fait qu’au Moyen Âge l’orthographe était mal fixée, explique que l’on trouve, surtout dans les composés, une grande variété de formes avec ou sans h.

En effet si on peut lire dans un sermon de saint Bernard « Bienaureiz sera cil ki demorrat en sapience » (« Bienheureux sera celui qui restera dans la sagesse »), Pierre de Larivey écrit, quant à lui, dans Les Esprits, une pièce dont s’inspirera Molière pour son Avare, « Les pauvres femmes sont cause de tous maux et ne bienheurent jamais une maison que par leur mort ». De même, Guernes de Pont-Sainte-Maxence, auteur plus connu sous le nom de Garnier, écrit au 12ème siècle, dans sa Vie de saint Thomas Becket, « De tuz les cheitis, sui li plus malourez » (« De tous les infortunés, je suis le plus malheureux »), alors que son homonyme, Robert Garnier, écrira, quatre siècles plus tard, dans Antigone ou la Piété, « Et ne va malheurer de mon malheur ta vie ».

Ce rapprochement entre la bonne ou la mauvaise fortune et le moment de la naissance va être souligné par des formes comme malheure, contraction de male heure, que rien ne distingue phonétiquement de malheur, et que l’on rencontre dans des expressions comme De malheure suis né.

Mais c’est par la croyance aux horoscopes, nom qui est emprunté, par l’intermédiaire du latin horoscopus, « constellation sous laquelle on est né », du grec hôroskopos, « qui examine l’heure de naissance », que l’on va lier par des rapports de dépendance l’heur, les heures et les astres. Ces rapports de dépendance, notre langue les dit encore avec des expressions comme être né sous une bonne étoile et être né sous une mauvaise étoile. Mais bien vite, on va passer de la chance ou de la malchance qu’ont eue tel ou tel en naissant à leur caractère, et l’on dira d’eux qu’ils sont bien lunés ou mal lunés. Enfin, ceux qui sont nés sous une mauvaise étoile vont être peu à peu perçus comme responsables de ce qui leur arrive et l’on confondra assez vite l’infortuné et le méchant (on constate le même glissement de sens avec la forme misérable). Ainsi le terme malotru, dans lequel on reconnaît le radical astre, a d’abord désigné une personne née sous une mauvaise étoile, sens aujourd’hui disparu, avant de désigner quelqu’un de mal élevé et de grossier. Son antonyme benastru, qui désignait, dans la langue du Moyen Âge, une personne née sous une bonne étoile, a disparu du français courant. Il ne se conserve plus guère aujourd’hui que dans certains parlers régionaux de l’Ouest de la France, et en particulier en Mayenne.

Académie française.



Le français a exprimé la notion de bonheur par un nom venant, par une évolution populaire, de augurium. Ce mot désignait, dans la langue religieuse des Romains, le présage tiré du vol des oiseaux. Augurium a donné l’ancien français eür, dissyllabique. En évoluant en français eür a subi deux modifications, l’une purement orthographique : l’h initial dont il a été doté, d’après le mot heure (du latin hora) – l’autre, phonétique, qui a consisté d’abord dans la réduction de e-ü dissyllabique à u, fait général que nous retrouvons dans sûr, issu de seür, dans armure, issu de armeüre –, ensuite dans le passage de u à eu. Ce passage résulte de l’hésitation qui a existé jusqu’à la fin du 16ème siècle entre u et eu, surtout devant r. C’est ainsi que burre est devenu beurre, tandis qu’inversement meure est devenu mûre. On aboutit ainsi à un mot heur.

Par son origine le sens d’heur n’était ni favorable ni défavorable. On pouvait l’orienter à l’aide d’un adjectif en disant bonheur ou malheur. Mais, comme d’autres mots relatifs à l’issue d’un événement (fortune, succès, chance), il a pris un sens favorable et heur s’est trouvé synonyme de bonheur. Heur est encore très vivant dans la première moitié du 17ème siècle. Corneille l’emploie couramment : T’en souviens-tu, Cinna ? Tant d’heur et tant de gloire Ne peuvent pas sitôt sortir de ta mémoire. (Cinna, V, 1.) On le trouve aussi chez Molière. Dans L’École des femmes Arnolphe invite Agnès, qu’il va épouser, à bénir toute la journée l’heur de sa destinée (III, 2 ; v. 680). Mais on le chercherait vainement dans l’œuvre de Racine. Dans un passage du chapitre « De quelques usages » où il traite des mots vieillis ou disparus, La Bruyère constate avec regret, semble-t-il, que le mot n’est plus en usage : « Heur se plaçait où bonheur ne saurait entrer ; il a fait heureux qui est français et il a cessé de l’être. » Heur ne subsiste plus que dans un très petit nombre de locutions. Ainsi l’on peut dire par ironie : « Il n’a pas l’heur de vous plaire. » Littré enregistre encore le dicton : « Il n’y a qu’heur et malheur en ce monde » (c’est-à-dire : tout est incertain dans les destinées humaines). Nous ne croyons pas qu’il soit très usité. Il est légitime de se demander pourquoi heur a disparu. On peut penser à des homonymies fâcheuses avec heure : quelle heure avez-vous ? pouvait, à l’audition, se comprendre de deux façons. En savoir plus : Georges Gougenheim.

Le nom (un) bonheur est composé de bon et heur du latin augurium « augure, interprétation des présages, présage (dans la religion romaine) ».

Le nom (un) malheur est composé de mal et heur.

Le nom (une) félicité est emprunté au latin classique felicitas « bonheur, chance ».

Voir aussi : un ou une happy end (un dénouement heureux), des happy few (un ensemble restreint de privilégiés).

Heur s'est d'abord écrit eür, aür (1160). Le mot vient du latin impérial agurium, en latin classique augurium « présage » qui subit une syncope à la post-tonique. Il a été confondu avec heure venu de hora. Les composés bonheur et malheur subissent la même erreur. Le mot est en provençal auguri, augur, agur, en espagnol aguero, en portugais agouro, en italien augurio. Le terme a été disyllabique jusqu'au 16ème siècle. En savoir plus : site de Dominique Didier.

heure, heure-machine

Une heure est l'espace de temps égal à la vingt-quatrième partie du jour, d'une durée de 60 minutes ; un moment convenu, prévu, fixé ; un moment du jour plus ou moins long ; un moment de la vie d'un individu, d'une société. Ce nom vient du latin hora, unité de mesure du temps désignant un point aussi bien dans le temps en général que dans la journée d'après le système de division du temps, ou une durée.

La tournure « c’est quelle heure ? » fait l’objet d’une certaine stigmatisation par les locuteurs du français qui ne disposent pas de ce tour dans leur usage (si vous ne nous croyez pas, lisez voir les commentaires sous ce post Facebook). D’aucuns diront qu’il est plus correct de dire: « quelle heure est-il ? », ou simplement « il est quelle heure ? ». Peu de gens savent que cette tournure est régionale, et on ne la trouve d’ailleurs dans aucun dictionnaire spécialisé. En savoir plus : Français de nos régions.

Le Dictionnaire des régionalismes de France indique : à bonne heure (de bonne heure, tôt ; à cette heure) prononcé à c’t’heure (maintenant) ; à point d’heure (à une heure exagérément matinale ou tardive) ; à pas d’heure, à plus d’heure (trop tard) ; jusqu’à pas d'heure, jusqu'à plus d’heure (jusqu’à une heure exagérément tardive) ; entre l’heure (entre la fin de la matinée et le début de l’après-midi) ; tout à l’heure (de nos jours, actuellement) ; j’ai vu l’heure que ... (il s’en est fallu de peu que ...) ; une heure de temps : (durant une heure).

Une heure de grande écoute est une tranche horaire où l'audience est la plus forte. En anglais : prime time. Voir aussi : avant-soirée, créneau de jour. JORF du 18/01/2005.

Une heure-machine est une unité de temps de travail correspondant au travail d'une machine pendant une heure.

On lit une demi-heure, six heures et demie, un quart d'heure, six heures et quart, six heures moins le quart, un kilomètre-heure ou km/h.

Voir aussi : horaire, horloge, horodaté, horodateur, horodictique, horokilométrique, horométrie, horoscope, généthliaque.

Concluons en rappelant que si heure vient du grec hôra et heur du latin augurium, ces deux termes ont été souvent confondus tant était forte la croyance que le bonheur d’une vie dépendait de l’heure de la naissance et que donc naître à la bonne heure était une promesse de nombreuses bonnes années. En savoir plus : Académie française.

De leur côté, l’anglais year et l’allemand Jahr tirent leur nom d’une racine indo-européenne, jor-, qui pouvait désigner les années, mais aussi et surtout les saisons, appréhendées essentiellement par leur caractère cyclique. Cette racine est à l’origine du grec hôra, auquel nous devons, par l’intermédiaire du latin hora, le nom « heure ». Mais ce mot a d’abord désigné toute période de temps revenant régulièrement, les années, certes, mais aussi les saisons, les mois, les jours et les heures. Ce furent surtout les saisons qui intéressèrent les peuples de l’Antiquité, peuples essentiellement de cultivateurs et d’éleveurs. Dans la mythologie grecque, les Hôrai, que nous appelons improprement « les Heures », sont les filles de Zeus et de Thémis qui accompagnent les dieux et sont au nombre de trois puisque, aux temps archaïques, les Grecs ne comptaient que trois saisons, printemps, été et hiver. On invoquait surtout les deux premières, considérées comme les déesses de la vie et de la croissance. À ces sens s’ajoutait celui de « moment favorable, propice » et, le cours de la vie des êtres humains étant traditionnellement comparé au déroulement d’une année, ce même nom désignait aussi la jeunesse, puisqu’elle est considérée comme le plus bel âge, celui qui est gros de toutes les promesses de récoltes à venir. En savoir plus : Académie française.

La division en heures (du latin hora) était fondée chez les Romains sur le jour considéré comme temps de clarté. La durée qui s’étend du lever au coucher du soleil était divisée en douze heures. La sixième heure coïncidait avec le milieu du jour ainsi conçu, elle était toujours à midi. Mais les heures étaient variables selon les saisons : plus longues en été où il fait clair plus longtemps, et plus brèves en hiver. Cette division est restée dans l’usage ecclésiastique, avec les mots prime (première heure du jour), tierce (troisième heure), none (neuvième heure). Le mot sieste en porte aussi témoignage : il est emprunté de l’espagnol siesta (sixième heure). La sieste est donc le repos du milieu du jour. La division du jour (de minuit à minuit) en vingt-quatre heures égales date du Moyen Âge. Mais elle ne s’est généralisée qu’à la Renaissance, avec le perfectionnement des horloges et des montres, qui exigeaient des mesures constantes et indépendantes des saisons. Au contraire, l’ancienne division était appropriée aux cadrans solaires. En savoir plus : Georges Gougenheim.

La pensée de Pierre de Jade : J'arrive toujours à l'heure mais c'est rarement la bonne.



heurette

Au Moyen Âge, les formes heurete, horette, horeite, hurete ou encore urette ne supposaient pas un temps long : elles étaient couramment employées sans qu’il soit toujours facile de déterminer l’étendue temporelle qu’elles représentaient. Ainsi, dans son Comput (un ouvrage sur le calcul des calendriers), Philippe de Thaon en fait de minuscules laps de temps. Il écrit en effet : De momenz, d’atometes / Que apelum huretes, « De moments, d’atomettes, que nous appelons des heurettes ».

On notera avec intérêt que, deux siècles avant que ne soit attesté le nom atome, on rencontre cette forme atomete, utilisée pour désigner la plus petite division du temps, et présentée comme un synonyme d’heurette.

Un instant très bref, c’est encore le sens que Guyart des Moulins donne à heurette dans la première version française en prose de la Bible, où il écrit : Tant de richeces sont destruictes « en une heurete », pour traduire le latin una hora, un passage que la plupart des traducteurs modernes rendent par « en un moment » (Apocalypse, 18, 17).

Mais il arrive aussi qu’horette corresponde à peu près à notre heure. On lit ainsi dans le Dit du Besant de Dieu, de Guillaume le Clerc de Normandie : E une horette el cham labore (et il travaille une petite heure au champ). C’est ensuite par antiphrase et de manière plaisante que cette « petite heure » va désigner une durée longue et indéterminée.

En savoir plus : Académie française.



heureusement, heureux

L'adjectif heureux, heureuse, qualifie ce qui est favorisé par le hasard, le destin ou la nature ; ce qui apporte ou annonce quelque chose de favorable, de positif, un avantage quelconque ; ce qui a une conclusion satisfaisante, des conséquences positives ; ce qui présente un caractère harmonieux, un ensemble de qualités correspondant à certains critères d'appréciation ; ce qui a un rôle bénéfique, suscite un jugement favorable ; quelqu'un qui se trouve dans un état de bonheur, de satisfaction, d'épanouissement ; ce qui exprime, donne ou favorise le bonheur ; quelqu'un qui semble éprouver, manifester du bonheur. Ce mot est dérivé d'heur.

L'adverbe heureusement signifie d'une manière opportune ; d'une manière naturellement avantageuse, favorisée par la chance ; de façon à produire des effets positifs, avec succès ; d'une manière ingénieuse, harmonieuse (par hasard ou comme par l'effet du hasard) ; de manière bénéfique, propre à susciter un jugement favorable ; de façon propice ; dans un état de bonheur, d'une manière pleinement satisfaisante

L'adjectif bienheureux, bienheureuse, signifie qui représente une chance très favorable ; qui est signe ou promesse de bonheur. L'adverbe bienheureusement signifie de façon bienheureuse ; pour son bonheur ; dans un état de grande satisfaction. Une bienheureuse, un bienheureux sont des termes religieux désignant ceux qui ont été élus, qui jouissent de la béatitude éternelle ou ceux qui ont été béatifiés par l'Église, mais non encore canonisés.

L'adjectif malheureux, malheureuse, qualifie quelqu'un qui n'est pas heureux ; ce qui n'est pas favorisé par la nature, les circonstances ou le destin ; ce qui est sans importance, mérite peu d'attention ; ce qui n'est d'aucune efficacité ;quelqu'un qui se trouve dans un état de malheur, de peine, d'affliction. L'adverbe malheureusement signifie d'une manière malheureuse ; d'une manière misérable, affligeante, digne de pitié ; d'une manière malencontreuse, fâcheuse ; d'une manière qui donne de la peine, du tourment, du malheur ; (en début de phrase) par malheur , hélas. Une malheureuse, un malheureux sont ceux qui sont dans une situation pénible, douloureuse ; ceux qui inspirent la pitié.

Le verbe féliciter est emprunté au bas latin felicitare « rendre heureux ».



Huile

 Un huilage est un graissage avec de l'huile, une imprégnation d'huile ; un trempage dans un bain d'huile. Une huile est une ...